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Carte de presse: le défi de l’assainissement

illustruation-interview-carte-presseLes « journalistes du Hilton », ces pseudos professionnels qui n’exercent nulle part et sont de tous les séminaires, n’ont qu’à bien se tenir. Dès la sortie des premières cartes de presse annoncée pour les prochains jours, il faudra désormais montrer patte blanche pour couvrir un événement officiel ou obtenir une interview d’une personnalité. C’est que le processus enclenché en novembre 2015 par la Commission de délivrance de la carte de presse, même s’il tarde à « accoucher » de ses premiers documents, a pour objectif principal d’assainir le milieu. Il s’agit concrètement de séparer le bon grain de l’ivraie, dans tous les corps de métier de la presse. Imposteurs et autres usurpateurs qui prennent régulièrement les personnalités en otage lors de cérémonies officielles, pour le « gombo », écornant au passage l’image de toute une profession devraient être mis hors d’état de nuire par la carte de presse.

Et alors même que les attentes que nourrissent les professionnels relativement à ce document sont grandes, le chemin semble long pour y arriver. C’est que deux prorogations après la date-limite initiale de dépôt des dossiers, fixée au 28 février 2016, puis au 20 mars suivant, la Commission dédiée n’est guère plus avancée. Curieusement, les professionnels des médias ne sont pas nombreux à le solliciter. Et ce, malgré la descente sur le terrain du président de la Commission, Séverin Tchounkeu, qui a récemment fait le tour des entreprises de presse, sensibilisant les patrons et leurs employés à adhérer au processus. C’est clair : celui-ci coince aux entournures. Et pour de nombreuses raisons.

Au premier rang de celles-ci, le peu de visibilité des gains que pourrait procurer ce qui se veut être un précieux sésame. Selon ses promoteurs, en l’absence de ce document, un acteur des médias ne devrait pas avoir accès aux sites des événements officiels et à l’information. « A la pratique, cela paraît biscornu quand on sait qu’il y a des hommes et des femmes des médias dont le nom à lui seul constitue une carte de presse à l’efficacité prouvée. Ils ouvrent à eux-mêmes et à d’autres bien des portes, grâce à un carnet d’adresses fourni. Il y a aussi que des informations de première main, parfois classées confidentielles, leur sont livrées à domicile sans effort. Comment convaincre de telles personnes de se soumettre au processus ? » s’interroge un jeune journaliste frais émoulu de l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (Esstic).

Le processus est analysé différemment selon que l’on évolue dans le secteur des médias privés ou publics. « De nombreux acteurs du secteur privé le perçoivent comme une stratégie pour les écarter. La Commission sait bien que beaucoup parmi nous évoluent sans contrat, ni immatriculation à la Cnps. Elle aurait dû en tenir compte en établissant la liste des pièces nécessaires à la constitution du dossier de demande de la carte de presse. Et puis, il y a aussi parmi nous des gens bien qualifiés et expérimentés qui ne sont pas passés par une école de formation et ne disposent donc pas de diplôme. Va-t-on les jeter pour un parchemin et sacrifier le savoir-faire ? », se demande un journaliste, cadre dans un hebdomadaire privé paraissant à Yaoundé. L’on avait pourtant cru que les avantages de cette pièce et les conditions d’obtention, de tout temps inscrits parmi les combats des médias camerounais, étaient suffisants pour convaincre.illustruation-interview-carte-presse

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