Bon nombre de privés s’investissent dans la transformation de cette matière première, malgré la farouche concurrence étrangère.
La matière première est camerounaise, l’expertise aussi. Ebène, bossé, iroko, moabi, bété, landa, movingui, acajou, voilà quelques essences nationales mises à contribution dans la confection du mobilier de luxe (salons, parquets, lits, salles à manger…). La création de meubles de luxe se diversifie, du moins, les locaux montrent qu’ils en ont le potentiel. Car, c’est pour se défaire de la domination des meubles importés sur le marché camerounais que Jacques Ngassi, promoteur de la Société industrielle d’ameublement (SIAM), s’est lancé dans l’activité il y a une bonne trentaine d’années, en 1984. Fort de l’expérience qu’il a glanée à travers ses différents voyages, le promoteur affirme : « J’étais attiré par la qualité des produits que je voyais lors de mes déplacements. J’ai décidé d’investir dans la fabrication et la distribution locale des meubles haut de gamme pour permettre aux Camerounais de bénéficier de la qualité de ces mobiliers ». Le promoteur n’a qu’une idée en tête : arracher des parts de marché aux importations dans le secteur. Il y investit 50 millions de F et quelque temps après, atteint un chiffre d’affaires de près de 120 millions de F. Seulement, pour avoir accès à ces meubles du cru, il faut y mettre le prix et compter entre 400 000 et deux millions de F pour une salle à manger simple. Un lit dit stylé à base de bubinga, d’ébène ou d’Omengue varie entre 500 000 et 800 000 F, voire plus selon les essences. Raison pour laquelle son portefeuille de clients a longtemps compté des acheteurs tels que des agences de coopération, des ambassades et même des banques.
Seulement, depuis 2008, la société enregistre une baisse des commandes, laquelle a donné lieu à de nombreux licenciements. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires a chuté de moitié. « La conjoncture n’est pas bonne. La concurrence est devenue rude pour nous qui faisons dans la qualité. La clientèle n’est plus là. Tout le monde va désormais s’approvisionner à Dubaï ou en Chine », regrette le promoteur. C’est que, dit-il, la SIAM propose une porte à 200 000 F alors que des opérateurs de Dubaï en commercialisent à moitié prix. De plus, « les opérateurs se lancent davantage dans le travail de l’aluminium. Les portes en bois se raréfient », souligne Jacques Ngassi. Mais, pour que la flamme pour la menuiserie demeure malgré la conjoncture, quelques instituts proposent des formations, dont le Complexe scolaire et professionnel catholique Don Bosco. Le Centre compte une quarantaine d’apprenants en menuiserie et comporte deux niveaux d’apprentissage dont un basé sur le perfectionnement de diplômés en la matière. La formation, selon Alain Mbome, chef du département de la formation professionnelle, est orientée vers l’auto-emploi et permet aux apprenants d’effectuer des finitions de meubles avec panache.