Plus de 70 % de la production nationale d’or échappent au circuit formel. On en déduit que l’or distrait représente un énorme manque à gagner pour l’Etat et les exploitants locaux.
La mise en œuvre du projet-pilote en appui à l’organisation des artisans miniers dans les arrondissements de Ngoura dans la région de l’Est et d’Akom 2 dans la région du Sud coule de source. Cette mission qui sera exécutée dans le cadre du Projet de renforcement des capacités dans le secteur minier (PRECASEM) est censée établir un diagnostic d’exploitation minière dans les zones concernées. Grâce à la formation des artisans aux pratiques de l’artisanat minier et la sensibilisation en vue de l’utilisation des circuits formels pour les débouchés des produits. Ce nouveau projet est d’autant plus utile que la quantité d’or rétrocédée au ministère des Finances par le Cadre d’appui à l’artisanat minier(CAPAM) de janvier à septembre 2015 ne s’est élevée qu’à 168 kilogrammes soit trois milliards de francs au prix moyen de l’or à cette époque. Autant la rationalisation des circuits de production de l’or est nécessaire, autant sa transformation peut être rentable pour l’économie nationale.
Il en est de l’or comme des autres richesses. Dans son message à la nation le 31 décembre 2015, le président de la République, Paul BIYA, relevait fort opportunément : « Nous disposons de ressources nombreuses : agricoles, minières, touristiques, culturelles, et humaines. Elles constituent pour notre pays une grande réserve de croissance. » Dans un contexte international marqué par le rétrécissement de la croissance mondiale et la baisse persistance des prix du pétrole et des autres matières premières, ces réserves de croissance ont vocation à être utilisées à bon escient pour améliorer les conditions de vie des populations et fructifier les acquis.
L’une des manières les plus sûres d’utiliser à bon escient ces réserves de croissance est de les transformer localement pour créer une valeur ajoutée. Quand on sait que, chaque jour, dans les champs et les marchés, d’énormes quantités de produits agricoles périssent du fait d’un écoulement tardif vers les lieux de commercialisation ou à cause de la mauvaise conservation, l’option de la transformation des matières premières s’impose d’elle-même. Mieux, elle devient le passage obligé pour garantir la rentabilité des matières premières. Certes, des cas de transformation des matières premières existent. Certaines ont même déjà fait autorité dans leur domaine. C’est notamment le cas des productions du café arabica et robusta de l’Union centrale des coopératives agricoles de l’Ouest (UCCAO). La transformation de cette production a non seulement contribué à vulgariser le café local aux plan national et international mais aussi l’impose de plus en plus dans les habitudes de consommation .D’autres expériences de transformation des matières premières se développent souvent avec le soutien de l’Institut de recherche agricole pour le développement(IRAD). Publics ou privés, les domaines de transformation sont variés. Pour autant, les efforts déjà réalisés en matière de transformation des matières premières méritent d’être consolidés pour que la nation dispose davantage de produits « made in Cameroon » et que le label national s’impose aux consommateurs. Ces efforts seront plus palpables avec le renforcement de l’offre énergétique, la diminution des coûts de production, l’appui à l’épineuse question du financement et la maîtrise de la technologie. Les défis à relever ont beau être colossaux, ils ne sont cependant pas insurmontables pour le Cameroun dans sa quête d’émergence en 2035.