Le carnage survenu près de la frontière sud-soudanaise a officiellement fait 208 morts 102 enfants enlevés.
Une vague d’émotion et d’indignation traverse encore l’Ethiopie, cinq jours après le massacre à grande échelle des populations survenu dans un village non loin de Gambella. Dans une adresse à la nation diffusée sur la télévision publique EBC, le Premier ministre éthiopien a communiqué un bilan effroyable de ces événements, perpétrés par des hommes armés dans cette localité frontalière du Soudan du Sud. D’après Hailemariam Desalegn, «les atrocités commises par des hommes armés de la tribu Murle venus du Soudan du Sud ont coûté la vie à 208 femmes et enfants. Ils ont aussi kidnappé 102 enfants ».
Le chef du gouvernement a également parlé d’une «attaque massive». La presse locale qui a baptisé ce carnage de «massacre de Gambella», parle d’assaillants armés de kalachnikovs qui ont ouvert le feu sur tous ceux qui ont voulu leur opposer la résistance. Se voulant rassurant, M. Hailemariam a fait savoir qu’en collaboration avec le gouvernement sud-soudanais, des «opérations communes» sont en cours à l’effet de retrouver les otages. «Les forces éthiopiennes sont en train de prendre des mesures contre les assaillants pour libérer les enfants enlevés sans conditions», a-t-il rassuré. Sans toutefois indiquer si les troupes éthiopiennes avaient traversé la frontière pour aller retrouver les agresseurs.
Située à 50 km du Soudan du Sud, Gambella abrite une mosaïque d’ethnies dont les Nuer et les Dinka, à cheval entre les deux territoires voisins. La localité abrite également 272 000 réfugiés sud-soudanais qui ont fui la guerre civile déclenchée en décembre 2013 et est une terre fertile pour des conflits inter-tribaux fréquents qui ont généralement trait au bétail et à la terre. Pour autant, l’attaque survenue donc à Gambella est sans précédent pour l’Ethiopie qui, par crainte d’une déstabilisation de son territoire, s’est toujours impliquée dans le processus de paix au Soudan du sud. Une attitude qui n’a pas toujours été vue d’un bon œil au sein de la rébellion sud-soudanaise.
