Douze mois, jour pour jour, après le déclenchement de la crise en cours, le Burundi est dans l’impasse. Pouvoir et opposition ayant choisi la voie de la violence plutôt que celle du dialogue. Chaque jour qui passe, la chronique mondaine est alimentée par des scènes de barbarie,
d’assassinats, d’enlèvements et d’attaques armées. On dirait que la décennie de guerre civile qui a abouti aux Accords de sortie de crise d’Arusha n’a pas été édifiante pour amener suffisamment les uns et les autres à s’assagir. Comme si les milliers de Burundais tombés et le sang versé au cours de cette macabre décennie n’ont pas suffi, revoici le Burundi qui réédite cette tragédie. Un conflit de trop qu’on aurait pu éviter au pays de Melchior Ndandaye, le tout premier président démocratiquement élu en 1993 et assassiné quelques mois après, si et seulement si les principaux acteurs de la scène politique avaient fait preuve de bon sens dans l’interprétation des textes et de patriotisme dans leurs actes.
Le présent conflit naît le 26 avril 2015 lorsque des militants de l’opposition et de la société civile descendent par milliers dans les rues de Bujumbura pour protester contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Les manifestants dénoncent une «candidature illégale» et brandissent l'article 96 de la Constitution du Burundi, calquée sur les Accords d’Arusha, qui n’autorisent à chaque président que deux mandats. Dans le camp présidentiel, l’on rétorque qu’en 2005, l’actuel président fut élu par le Parlement et non au suffrage universel direct.
De cet imbroglio, les colombes de la paix qui avaient recommencé à planer dans le ciel burundais ont fini par vider les lieux. Laissant le Burundi renouer avec ses vieux démons. Nonobstant les multiples médiations de la Communauté internationale, aucun parti en conflit ne veut lâcher du lest. De son côté, le pouvoir de Bujumbura reste inflexible. Aidé dans cette entreprise par les «imbonerakure», jeunes du parti au pouvoir, il poursuit méthodiquement et de manière implacable la reprise en main des villes et quartiers contestataires au prix de la violence. De nombreux observateurs sont d’avis qu’il s’agit d’un «génocide à huis clos». Surtout que les autorités ont rejeté plus d’une fois l’idée d’envoi d’une force étrangère d’interposition ou d’une commission d’enquête indépendante dans le pays pour établir un bilan exact de la situation. En face, une opposition qui ne désarme non plus. Si celle de l’intérieur est bâillonnée et aphone, celle établie à l’étranger se veut plus agressive et menace de déstabiliser le régime de Bujumbura.
Dans ce climat délétère, aucun espoir ne semble pointer à l’horizon d’ici peu. Car, dans un camp comme dans l’autre, nul ne semble se préoccuper de l’avenir du pays. Pendant ce temps, le Burundi continue donc à écrire son histoire en lettres de sang.