15 milliards de F. Voilà un chiffre qui pourrait effrayer. Surtout quand on sait que le président du Comité provisoire de gestion de la Ligue de football professionnel du Cameroun (LFPC), Pierre Semengue, annonçait il n’y a pas longtemps que c’est la somme nécessaire pour faire fonctionner normalement le championnat national de football. Chaque année, s’il vous plaît. Or, jusqu’à présent, la structure doit faire avec dix fois moins, soit 910 millions venant de l’Etat et 410 millions de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT). Cela fait clairement trop de chiffres à assimiler. Mais voilà, les soucis financiers que la Ligue connaît depuis sa création, il y a près de cinq ans, ont depuis longtemps éclipsé l’aspect sportif.
Et alors que le championnat de Ligue 1 et 2 est presque à mi-parcours, la question du financement de la LFPC se pose avec acuité. Celle-ci n’a reçu qu’une partie des subventions prévues pour la saison et visiblement, il faut déjà renflouer les caisses. De la quote-part de l’Etat, il lui reste encore 290 millions F alors que la Fédération a versé 100 millions F. Car la Ligue reste dépendante des subventions et n’est donc pas maîtresse de son destin. Le sujet était ainsi au centre d’un échange en début de semaine dernière à la Primature en raison de l’urgence de la situation. Mais si une solution est trouvée dans l’immédiat, elle serait forcement ponctuelle, provesoire.
Car la LFPC était censée être entièrement autonome après trois ans de fonctionnement, c’est-à-dire s’auto-financer entièrement. Mais, l’Etat se retrouve obligé de continuer à subventionner le championnat professionnel alors qu’il aurait dû arrêter depuis deux ans. Le seul partenaire fiable que la Ligue s’était trouvé par le biais de la Fédération, une société de téléphonie de la place, a fini par plier bagages, au vu de l’amateurisme ambiant. Il faut croire que les choses n’ont pas beaucoup évolué puisque les sponsors et autres mécènes se font toujours rares. Chaque année, on annonce de probables partenaires qui reculent au dernier moment.
La LFPC fait des efforts, on ne peut le nier, si on s’en tient, par exemple, à ces séminaires où Pierre Semengue est allé vers les entreprises pour leur montrer les avantages qu’elles peuvent tirer en parrainant les clubs et la Ligue. Mais on peut, peut-être, s’interroger sur les moyens qu’elle utilise pour arriver à ses fins puisque les résultats ne suivent toujours pas. Ailleurs, les droits TV du championnat permettent aux Ligues de fonctionner. Au Cameroun, ce n’est pas demain que la Ligue 1 ressemblera à la Premier League dont les droits TV se vendent à travers le monde à prix d’or. Il faut dire aussi que le fonctionnement des clubs n’encourage pas non plus les investisseurs. Les équipes restent, en effet, toujours tributaires des subventions de la Ligue et, hormis un ou deux exemples, n’ont pas réussi à trouver des partenariats. Leur organisation, toujours centrée autour de la personne du président, n’aide pas non plus alors que sur le papier, toutes ont muté en sociétés anonymes capables d’attirer des actionnaires. Tant que les joueurs, qui font vivre ce football, accuseront toujours des mois d’arriérés de salaires ou toucheront des misères comme primes, on sera encore loin du compte. En clair, le chemin semble encore long et parsemé d’embûches avant une véritable autonomie de la Ligue qui jusque-là, se bat pour survivre.