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Accès à l’information: des victoires et encore des batailles

illustruation-interview-carte-presseC’est à une véritable bataille que se livrent au quotidien les hommes et femmes des médias, secteurs public et privé confondus, pour servir une information digne de foi à leur audimat. « Une information de qualité est tributaire des sources. Le journaliste n’est pas un devin ou un savant. En fait, il est une sorte de broyeur muni d’un tamis : il charrie toutes espèces de nouvelles à travers la collecte, les trie et traite, avant de les servir à son public comme quelque chose de potable et de digeste. Or, chez nous, ce schéma ne fonctionne pas toujours aussi bien, tellement l’accès à l’information reste un gros problème à tous les étages », assure un professionnel, enseignant dans une école de journalisme.

D’une rédaction à l’autre, les plaintes sont les mêmes. De nombreux sujets restent à l’état de chantier et finissent dans la poubelle, faute d’ouverture sur les différents acteurs. « Parfois au détour d’une conversation informelle, on peut apprendre qu’il se passe quelque chose dans un secteur ou dans une institution. C’est même généralement des informations de première main vérifiables, mais le contexte de collecte ne permet pas de les diffuser en l’état. Il faut recouper auprès d’officiels précis pour être crédible, éviter des procès en diffamation et autres accusations. Et généralement, les concernés sont fermés, refusent de recevoir les journalistes et de leur parler. Nous ne comptons plus le nombre de nos protocoles d’interviews restés sans réponse dans les ministères, les entreprises publiques, parapubliques ou privées », se plaint un journaliste en service dans un organe de presse public. « Que ce soit dans le secteur public ou privé, ceux qui détiennent l’information se retranchent souvent  derrière les autorisations préalables de la hiérarchie pour ne pas parler », continue un autre.

Pour différents observateurs, ces prétextes qui « cachent en réalité des lacunes et incompétences » ou la volonté de rester dans l’ombre, ne sont pas sans conséquences sur les médias et l’opinion publique. « Le citoyen agit, proteste et devient parfois violent car il n’a plus de confiance dans des institutions renfermées sur elles-mêmes. Dans la plupart des cas, il ne demande plus l’information, car il s’est habitué à ne pas avoir de réponse. L’incommunication entre les populations et les structures détentrices de l’information favorise la rumeur et dans plusieurs cas le scandale. On peut donc comprendre la prolifération du sensationnel dans la presse », explique un sociologue.

Le problème n’est pas le propre du Cameroun et l’inquiétude est plutôt croissante relativement au sujet un peu partout dans le monde, les vieilles démocraties comprises. La confrontation, particulièrement vive entre des intérêts divergents, rend de plus en plus difficile la réalisation d’une information honnête et indépendante, l’un des indispensables garants d’une réelle liberté de la presse. Du coup, ceux qui ont pour mission d’informer le public en se préservant des pressions de toutes sortes, ont de plus en plus de mal à exercer convenablement leur métier. Un constat qui a certainement conduit au choix du thème de la Journée internationale de la liberté de presse, célébrée ce 3 mai : « Accès à l’information et aux libertés fondamentales. C’est votre droit ».

 

 

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