Les besoins sont importants et les promesses de gains indéniables dans ce secteur.
A en croire Richard Sagou, directeur général de Best International, PME spécialisée dans l’hygiène et la propreté, l’assainissement de nos villes est un marché pratiquement vierge. Malgré la présence de quelques grands opérateurs et de plusieurs intervenants de taille plus modeste. « En considérant que tout part du système de collecte de tous les déchets produits, de l’organisation des actions d’assainissement à grande échelle, il est évident que beaucoup d’entreprises peuvent trouver à faire dans nos grandes et petites cités. Même dans l’enlèvement des ordures ménagères, sans parler des déchets industriels et du traitement », explique cet entrepreneur.
D’un point de vue officiel, l’assainissement est pareillement vu comme un terrain largement en friche. Exemple : aujourd’hui à Douala où l’on compte au moins deux millions d’habitants, quelque 1300 m3 de boues de vidange sont produits quotidiennement dans la ville. Selon des sources à l’hôtel de Ville, cela représente la mise en service de 130 camions de 10 m3. En moyenne, une vidange coûte 50.000 F. Mais le dépôt du bois des Singes qui reçoit ces déchets en accueille moins de 50%. La moitié du chiffre d’affaires potentiel du secteur n’est donc pas encore réalisée. Ce d’autant plus que les déversements du bois des Singes ne sont pas complètement traités. Normalement, le traitement complet permet de rejeter dans la nature des restes débarrassés de germes. Pour le moment, il n’y a qu’un lit filtrant.
La question qui se pose naturellement au regard des opportunités inexploitées ainsi décrites est celle de savoir ce qu’il manque pour transformer le potentiel. Pour M. Sagou, il est avant tout question de cadre. Il est impérieux que l’encouragement actuel de l’Etat change de vitesse en permettant aux entreprises d’introduire plus rapidement les solutions qu’elles importent d’ailleurs. « J’ai des échantillons de produits utilisés en Turquie mais je ne peux les mettre sur le marché faute d’autorisation. Il faut que celle-ci vienne plus rapidement, l’Etat doit simplifier les procédures. Idem, il faut penser à un assainissement de masse : dératiser un pâté de maisons ou d’immeubles, tout un quartier, est plus efficace et moins coûteux que de le faire pour une maison », assure-t-il.
L’argent qui semble manquer au secteur, l’entrepreneur le voit pourtant dans les caisses de la toute nouvelle banque des PME et dans les économies que l’assainissement permet de faire dans les autres lignes de dépenses : santé et amélioration de la productivité. « En finançant l’assainissement, toute la collectivité gagne. Il faut penser au long terme…», conclut-il. A cet égard, le traitement des boues retirées des fosses septiques peut produire de l’électricité et du biogaz pour les ménages et des fertilisants pour les sols agricoles. Sans compter que le méthane ainsi transformé en énergie (bien plus polluant que le dioxyde de carbone) n’ira plus perforer la couche d’ozone, comme c’est le cas avec la gestion sauvage. Un préservatif qui peut se convertir en argent. Une valeur ajoutée pour le moment perdue.