La destitution du Premier ministre Carlos Correia et de l’ensemble de son gouvernement prolonge l’impasse politique en Guinée-Bissau. S’il est clair que le président de la République, José Mario Vaz, a préféré destituer le gouvernement au lieu de dissoudre le parlement où le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap vert(PAIGC), parti au pouvoir, dispose de la majorité, il est également établi que l’éviction de ce gouvernement survient neuf mois après celui de Domingos Simoes Pereira.
Le limogeage de cette équipe gouvernementale ravive la crise politique issue de la destitution du leader du PAIGC, Domingos Simoes Pereira, le 12 août 2015 de ses fonctions de Premier ministre tout en dévoilant les divisions qui minent le parti historique fondé par Amilcar Cabral ainsi que les antagonismes entre le chef de l’Etat et le président du parti duquel il est issu et qui l’a porté à la magistrature suprême en 2014.C’est un secret de polichinelle que de relever que Domingos Simoes Pereira a mal digéré son limogeage à la tête du gouvernement. Les médias bissau-guinéens révèlent qu’il a mis à profit sa mise à l’écart du gouvernement pour rallier autour de lui tous les frondeurs du PAIGC et se rapprocher de l’opposition pour créer une nouvelle majorité parlementaire afin de provoquer le blocage des institutions.A telle enseigne que le Premier ministre Carlos Correia n’a pas pu obtenir la majorité à l’Assemblée nationale qui lui était indispensable pour gouverner dans ce régime semi-présidentiel. Le blocage des institutions bissau-guinéennes préoccupe le représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le sahel, Mohamed Ibn Chambas. C’est donc à dessein qu’il convie les acteurs politiques à engager un dialogue utile et à travailler ensemble dans le consensus pour sortir l’enclave lusophone d’Afrique de l’Ouest de la crise politique qui y perdure.
La proposition onusienne est fondée autour d’un contexte où le prestige du PAIGC sur la scène politique nationale s’accroît davantage et où les autres partis ne veulent plus jouer les seconds rôles. Il y a lieu également d’intégrer le pouvoir parallèle détenu par l’armée. Il appartient au président de la République d’apprécier l’opportunité de la mise en œuvre de la suggestion émise par Mohamed Ibn Chambas. Lui qui consulte les partis politiques et à qui l’idée d’un gouvernement inclusif n’a pas échappé. L’autre suggestion consisterait certainement à affranchir progressivement le président de la République de la main mise des partis politiques pour lui permettre d’apprécier sereinement l’action du Premier ministre et de s’impliquer fortement dans la gestion du pays.