Il s’agit déjà d’un geste positif en faveur de la décrispation du climat politique très lourd dans le pays. Le gouverneur de Kinshasa ne s'est pas opposé à l'organisation d'une manifestation par la Dynamique de l'opposition ce jour dans la capitale congolaise. Annonce faite à l’issue d’une rencontre avec la délégation de cette plateforme de l’opposition. Celle-ci entend notamment dénoncer une nouvelle fois l'arrêt de la Cour constitutionnelle qui autorise le président Kabila à se maintenir au pouvoir au-delà de 2016 en cas de report de l'élection présidentielle. La marche de la Dynamique de l'opposition est donc autorisée à Kinshasa. Il y a juste un changement de tracé. Dans le reste du pays, en revanche, les marches de l'opposition sont interdites, comme à Lubumbashi et Mbuji Mayi, jugées sans bien-fondé ou inopportunes par les autorités locales.
Mais le ciel congolais est loin de s’éclaircir véritablement car l’opposition persiste et signe. Sept opposants arrêtés lundi dernier lors d'une réunion préparatoire à la marche à Matadi sont accusés d'incitation à la désobéissance civile. Ils étaient jugés le lendemain soir en procédure de flagrance. L’opposition ne sera pas la seule à marcher. Une délégation du parti présidentiel, le PPRD, a été reçue dans la foulée par le gouverneur de la ville. Ses partisans appellent à des manifestations à travers tout le pays entre le 25 et le 30 mai pour défendre la Cour constitutionnelle et son arrêt autorisant Joseph Kabila à rester au pouvoir jusqu'à l'élection d'un nouveau président. Mais aussi pour défendre le dialogue convoqué par le chef de l’Etat congolais. Elles ont commencé depuis hier à Kinshasa. Mais la grande marche prévue aujourd’hui constitue un véritable casse-tête pour le gouvernement provincial qui a accordé le boulevard du 24 novembre à l’opposition et que le PPRD souhaite également emprunter ce jour-là. Pour les autorités provinciales il est hors de question que l’un ou l’autre se retrouve en centre-ville pour éviter les pillages. Pour autant la dégradation récente des perspectives électorales préoccupe fortement. L’Union européenne s’est fendue d'une longue déclaration commune pour appeler tous les acteurs de la vie politique congolaise à relancer le processus qui doit conduire à la tenue des élections, dans les délais prévus par la Constitution de la RDC et remis en cause par la décision de la Cour constitutionnelle de Kinshasa, il y a quinze jours. Aujourd’hui, ce qui est vraiment possible, c’est de lancer le processus électoral et de faire en sorte que chacun assume correctement ses responsabilités. Or, ce préalable passe forcément par un dialogue national sans condition. Il n’y a pas d’autre solution.