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Anne Marie Nzié, la voix d’or s’est éteinte

anne-marie-nzie-spectacleAprès plus de deux semaines d’internement à l'hôpital central de Yaoundé, l’icône de la chanson camerounaise est décédée dans la nuit de mardi 24 mai dernier.

Matin pénible ce mercredi 25 mai, dans la modeste demeure d’Anne Marie Nzié au quartier Cité-verte à Yaoundé. A son chevet depuis plus de deux semaines, les membres de la famille de la légende de la musique camerounaise, disparue à 22h56 – selon ses proches – dans la nuit du 24 mai, sont exténués. Lessivés d’abord par la tristesse due à la perte de leur mère, grand-mère, arrière grand-mère, belle-mère, sœur, tante, bref leur « maman ». Fatigués aussi par les montagnes russes d’émotions gravies depuis plus de deux semaines, entre espoir et déprime. Qu’attendaient-ils ? Un probable rétablissement. « La maman avait recommencé à parler, peu de temps après son admission dans un état critique au service de réanimation et soins intensifs de l’hôpital central. Quand je lui donnais son bain ou son repas, elle réagissait », rapporte sa belle-fille, Albertine Djeli.

C’est elle, qui avec Marlyse Dissabinga, la petite-sœur, mais aussi célèbre danseuse et accompagnatrice d’Anne Marie Nzié, veillaient jour et nuit à ses côtés. Toutes les deux sont inconsolables. Jean Zang, petit-fils de Marlyse et d’Anne Marie, se présente comme le chef de famille. Il raconte au moins une dizaine de fois, un récit triste et répétitif. « Maman avait eu un AVC. Nous l’avons conduite à l’hôpital central le 8 mai dernier, où elle était suivie jusqu’à son décès mardi. Nous sommes meurtris », dit-il. Famille, amis et fans arrivent à leur tour dans ce salon, où les murs, sont de véritables fresques de la vie et de l’immense carrière de ce monument de la chanson camerounaise.

Naissance d’une icône

Née vers 1931, Anne Marie Mvunga Nzié, tient son prénom de Anne Marie Lehmann, épouse d’un missionnaire américain, proche de la famille Nzié entre la fin des années 1800 et le début des années 1900. Fille de Simon Pierre Nzié Nzhiougma, prédicateur de l’Eglise presbytérienne camerounaise, Anne Marie N. chante pour la chorale. A 12 ans, elle exécute un cantique qu’aucun choriste n’arrive à suivre. Comme la chaussure de verre de Cendrillon, seule la voix d’Anne Marie N. collait à ce couplet. Elle n’a que 12 printemps, et déjà elle fait des étincelles. C’est à l’Eglise qu’elle doit ses premiers pas dans la musique. Dans les années 60 d’ailleurs, elle est connue pour ses morceaux religieux enregistrés par André Pache et Timothée Awono Nomo au Centre des techniques audiovisuelles de l’Eglise presbytérienne à Yaoundé. Des titres intégrés dans des programmes de Radio Cameroun et des radios chrétiennes d’Addis-Abeba et Monrovia. Sa passion est nourrie par son grand-frère Moïse Nzié, plus connu sous le nom de Cromwell. Un amour effréné pour la musique, que son mari, Franck Denis Nziou (elle l’épouse en 1958), partage avec elle pendant des décennies.

Durant la décennie 50-60, ils forment un duo, bref mais intense. Lui alto, parfois ténor, elle soprano, bien sûr. Sa voix angélique sera sa marque, même si à ses débuts, ce don du ciel était là pour accompagner sa guitare. En 1963, elle remporte même un concours de guitaristes organisé à Yaoundé par le musicien allemand Siegfried Behrend. Elle est révélée au grand public. Cet instrument, elle le gratte pour la première fois sur un lit d’hôpital, à Bibia, son village natal dans l’arrondissement de Lolodorf, département de l’Océan. Elle y était admise suite à une plaie rebelle et tenace à la jambe gauche. Cette épine se cramponne à sa chair pendant plus de 10 ans, et dans ce mal pour un bien, Anne Marie Nzié forge son caractère. Elle en aura besoin, elle, femme seule et bourrée de talent, dans un monde musical dominé par des timbres masculins. Elle ne s’en sort pas trop mal. Elle est l’unique femme à avoir produit trois disques en compagnie de son ensemble. On est en 1955 et elle n’a que 24 ans. Elle est le visage féminin des belles heures de Africambiance, maison de production, qui verra passer notamment Manu Dibango, Francis Bebey, entre autres.

La gloire, encore et toujours

Sous la main talentueuse de Mbonoh Samba, homme de radio et de spectacle, Anne Marie Nzié enchaîne les tubes dans la décennie 60 : « Bibele abe », « Mename », etc. Ses chansons vivent, respirent et parlent à tous. Elle chante l’amour et le mariage avec « Mabaze » ou « Reviens KMC ». Elle proclame son affection pour ses sœurs dans « Sarah » et « Marguerite ». Elle condamne ces hommes qui trouvent tous les défauts aux femmes dans « Bibele abe ». Elle célèbre même les autres flambeaux de la nation avec « Bessala le gorille », éloge au boxeur camerounais, récemment disparu lui aussi. Mais Anne Marie parle beaucoup de Dieu (elle est faite diaconesse de l’EPC paroisse de Nkomkana en 1984). A titre d’exemple, « Liberté », publiée en 1984 par Ebobolo Fia, s’appelait en réalité « Dieu merci », quand Anne Marie N. l’a composée dans les années 60.

La voix d’or camerounaise émerge à une époque bercée par les autres Miriam Makeba, Edith Piaf, Ella Fitzgerald, Aretha Franklin… Le monde la réclame. Une tournée internationale en 1968 la mènera par la France, l’Algérie, le Ghana, le Nigeria, le Sénégal, et en 1987, elle fera même un voyage remarqué en Corée du Nord ! Mais c’est ici, sur ses terres, que la chanteuse est adulée comme elle le mérite. Elle œuvre dans l’orchestre national aussi bien dans l’encadrement que dans les prestations scéniques, ceci pendant une dizaine d’années. Elle fait même l’actrice dans le film « Les coopérants » de Arthur Si Bita. C’est logiquement, qu’elle est appelée pour « Les fleurs musicales du Cameroun », un projet musical monté en 1982. Il est si difficile de ressasser l’existence prolifique et incomparable d’Anne Marie Nzié. Celle qui nous a quittés le mardi 24 mai dernier était une femme pieuse, douée, passionnée, attachée aux valeurs familiales – elle a élevé nombre d’enfants comme les siens, même si elle ne connaîtra jamais le plaisir de la maternité. Adieu la maman des artistes !



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