Après 26 ans d’un parcours de rosier jalonné d’épines et de fleurs, le Social Democtratic Front apparaît aujourd’hui comme un acteur républicain du jeu démocratique national. Né dans un esprit de fronde à l’aube des années 1990 couramment dites « années de braise », le SDF a surmonté de nombreux soubresauts internes au fil de congrès mouvementés et de réunions du NEC parfois explosifs, au prix d’exclusions, voire de démissions de fondateurs ( « founding fathers ») et d’autres hiérarques influents du « parti de la balance ». A l’instar de l’ancien secrétaire général le Pr Tazoacha Asonganyi, d’aucuns prédisaient l’implosion du SDF depuis quelques années. La réalité est diamétralement opposée à cette prédiction. Elle montre cependant que ce parti politique joue le jeu qui est le sien dans la démocratie nationale apaisée.
L’actualité atteste, en effet, cette réalité à travers quelques illustrations. La fête nationale du 20 mai 2016 vient de donner l’occasion aux militants du SDF de participer activement aux manifestations organisées sur l’ensemble du territoire national, particulièrement le défilé. Ils ont reçu à ce sujet les félicitations du chef de l’Etat transmises au président du SDF. En adressant une correspondance au chairman Ni John Fru Ndi, le chef de l’Etat a relevé qu’ « en participant avec engouement et discipline au défilé marquant la célébration du 44e anniversaire de l’avènement de l’Etat unitaire, les militantes et militants de votre parti ont témoigné leur respect pour les institutions de la République, et fait montre de sens civique ». Au demeurant, aucun observateur ne trouve plus surprenant que le chairman, respectueux des mœurs républicaines, honore régulièrement, depuis des années, l’invitation à lui adressée par le président de la République pour participer à la réception organisée au palais de l’Unité au soir de l’anniversaire de l’Etat unitaire.
Dans ce contexte, quelques prises de position du SDF s’expliquent à la lumière de cette option du respect des valeurs républicaines. Il en est ainsi, par exemple, du rejet par le SDF du recours aux manifestations de rue pour faire entendre sa voix au sujet des appels à la candidature du président Paul Biya dans la perspective de la prochaine élection présidentielle. Par ailleurs, il y a lieu de relever que le SDF, premier parti politique de l’opposition, participe activement à la vie des institutions républicaines nationales. Par le nombre d’élus, il occupe la seconde position au parlement, avec 14 sénateurs et 15 députés. Il compte aussi de nombreux conseillers municipaux.