Le Liberia relance la lutte contre la corruption. L’inculpation de trois hauts responsables politiques pour « crimes économiques » et de la compagnie minière Sable Mining, accusée de les avoir corrompus, n’est pas surprenante. Ce qui est, par contre, curieux dans le cadre de cette enquête concernant des actes de corruption initiés par la compagnie minière britannique, Sable Mining c’est qu’elle survient, selon les agences de presse qui suivent de près ce dossier, à la suite de la publication d’un rapport de 44 pages par l’Organisation non gouvernementale britannique, Global Witness, lié aux combines de Sable Mining.
On ne peut pas fondamentalement affirmer que ce rapport était destiné à ébranler le paysage politique libérien. Mais on ne peut pas s’empêcher de relever qu’il dénonce la corruption pratiquée, selon Global Witness, par Sable Mining pour obtenir ou sécuriser des permis au Liberia et en Guinée. L’ONG britannique croit savoir que la compagnie minière a versé 950.000 dollars à plusieurs responsables libériens ou à leurs proches entre 2010 et 2012 pour s’assurer leurs faveurs en vue de l’obtention des concessions pour l’extraction du fer dans ce pays.
S’il n’est pas question de recevoir les éléments de ce rapport comme des propos d’évangile, il ne s’agit pas non plus de les balayer d’un revers de la main. C’est donc à dessein que le gouvernement libérien a mis à contribution des enquêteurs spécialisés dans la lutte contre la corruption. Les recherches menées, jusqu’alors, ont permis de perquisitionner les bureaux du chef du parti au pouvoir, Varney Sherman. Accusé de trafic d’influence au profit de Sable Mining, Varney Sherman était également l’avocat de Sable Mining. Pour le moment, deux autres hauts responsables politiques sont inculpés pour corruption comme Varney Sherman. La compagnie minière britannique accusée de les avoir corrompus est aussi inculpée. La volonté de la présidente de la République du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, de faire triompher la justice dans cette affaire est nette et sans équivoque. C’est pour cette raison qu’elle a mis sur pied une commission spéciale chargée de mener une enquête impartiale. Les enjeux liés à cette affaire sont si importants que le nom du gendre de la présidente de la République y apparaît comme bénéficiaire des frais de voyage et de téléphone. De même, le chef du parti au pouvoir réfute toute malversation dans ce dossier. Il reconnaît avoir effectué des paiements pour Sable Mining en qualité d’avocat couvert par le secret professionnel. Il vaut donc mieux laisser l’enquête suivre son cours.