Une tragédie de plus dans le dossier noir de la crise des migrants sur la route du soi-disant Eldorado européen. La semaine a été particulièrement meurtrière pour les migrants en Méditerranée. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés, 700 d’entre eux partis des côtes libyennes sont morts dans trois naufrages, d'après les témoignages de survivants. La présence dans le canal de Sicile de trois missions aéronavales de surveillance et de secours ne suffit pas à éviter les tragédies. En moins d’une semaine, trois naufrages ont eu lieu au large de la Libye, transformant à nouveau la Méditerranée en cimetière. Parmi les morts et les personnes disparues, une quarantaine d'enfants, victimes du naufrage le plus mortel qui a eu lieu jeudi dernier.

D'après les récits de rescapés, 400 migrants ont perdu la vie. Ils étaient à bord d'un bateau sans moteur, remorqué à l'aide d'une corde par une autre embarcation. Mais dès qu'il a pris l'eau, un passeur a coupé la corde, ce qui l'a fait couler très rapidement. Selon les survivants, 300 personnes étaient enfermées dans la cale. Cette nouvelle vague en direction du sud de l’Italie s’explique par les conditions météorologiques plus clémentes et la nouvelle stratégie des passeurs en Libye qui consiste à pousser au départ le plus grand nombre possible de migrants en réduisant leurs tarifs. Les principaux départs ont lieu depuis les plages de Sabratha, à l’ouest de Tripoli, et de Karabouli, à l’est. Cette dernière est privilégiée en raison des courants, particulièrement favorables en cette période. Encore faut-il pouvoir en sortir. Les récifs, nombreux, exigent des manœuvres complexes. Les bateaux sont souvent inadaptés pour la traversée. Il s’agit pour la plupart de vieux bateaux de pêche en bois ou des canots pneumatiques. Le chaos régnant en Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 profite aux trafiquants d'êtres humains, des milliers de migrants tentant de rejoindre l'Europe depuis la Libye, à 300 kilomètres seulement des côtes italiennes. Ce qui est vraiment déplorable dans cette crise humanitaire, c’est que les Africains eux-mêmes adoptent un profil bas face aux tragédies de leurs filles et fils qui n’ont pas choisi ni souhaité avoir une existence aussi précaire et bien souvent  au prix de leur vie et de celle de leur progéniture. A ce sujet, l’Union africaine est étrangement aphone. Aucune déclaration sur ces drames, aucun mot de compassion pour les victimes, aucune décision forte ni même la convocation d’un sommet extraordinaire pour montrer que le dossier de ces migrants constitue une véritable épine aux pieds des Africains. Et qu’il faut absolument faire quelque chose. Une telle indifférence face aux souffrances de sa progéniture laisse perplexe. Elle est tout simplement coupable. En un mot comme en mille, l’Afrique est également blâmable pour non-assistance et non-compassion à ressortissants en danger.