En s’engageant à poursuivre, au cours de ce mois de juin, le dialogue inter- burundais récemment relancé à Arusha en Tanzanie, le facilitateur Benjamin Mkapa, a choisi d’y associer toutes les parties et d’accroître ses chances de réussite.
Le choix d’Arusha ne relève pas du hasard. C’est dans cette ville située au nord de la Tanzanie qu’en 2000, furent signés les accords de paix qui ont scellé la fin de la décennie de la guerre civile au Burundi. La décision de la communauté des Etats de l’Afrique de l’Est de confier la facilitation des négociations inter- burundaises à l’ancien chef de l’Etat tanzanien, Benjamin Mkapa, sous l’égide du médiateur principal, le président ougandais, Yoweri Museveni, coule également de source. Certes, la tension demeure vive au Burundi .11 lycéens ont été incarcérés, vendredi dernier, pour avoir dégradé des photos du président Pierre Nkurunziza. Ils ont aussi été inculpés d’outrage au chef de l’Etat. De même, le président de la République a donné 15 jours aux rebelles du quartier Mugamba, situé à 90 kilomètres de Bujumbura, pour rendre leurs armes. Auparavant, le colonel Lucien Rufyiri a été assassiné accroissant ainsi le nombre de victimes de cette crise qui se chiffre à plus de 500 morts.
Pour autant, la nouvelle dynamique insufflée au dialogue n’est pas refroidie. On en veut pour preuve que le changement intervenu à la tête du Conseil national pour le respect de l’accord d’Arusha et la restauration de l’Etat de droit au Burundi(CNARED). Jean Minani a remplacé Léonard Nyangoma qui prônait l’intransigeance face au camp présidentiel et disait comprendre ceux qui prennent les armes contre le pouvoir tout en affirmant qu’il croit au dialogue. Naguère réputée rigide sur le troisième mandat de Pierre Nkurunziza, la décision du CNARED de mettre en avant une nouvelle personnalité traduit, sans aucun doute, le souci de rompre avec la ligne dure incarnée par Léonard Nyangoma et de reprendre le dialogue sur de nouvelles bases. On sait qu’entre le gouvernement et l’opposition radicale, réunie sous la bannière du CNARED, la pomme de discorde a toujours été la légitimité du troisième mandat de Pierre Nkurunziza. On sait également que le gouvernement ne souhaitait pas discuter avec cette opposition sous le prétexte qu’elle encourage la violence. Les données ont changé. Le CNARED s’est vêtu de nouveaux habits. Qui plus est, le facilitateur Benjamin Mkapa a choisi de le rencontrer, au même titre que les autres absents à la récente rencontre d’Arusha, parce qu’il estime qu’ils peuvent positivement contribuer à relancer le dialogue inter- burundais.