Après l’âge d’or mené par les grandes gloires, le secteur continue d’évoluer, entre bon et mauvais goût.
Arc-en-ciel de rythmes, de sons et de textes. La musique camerounaise subit de nombreuses influences, dues sans doute à la richesse culturelle de son territoire. Il y a d’un côté, ceux qui émergent sur le plan international. La réputation de Manu Dibango n’est plus à refaire. Avec son saxophone, il a révélé au monde le savoir-faire camerounais en matière de recherche instrumentale et rythmique. Dans un autre registre, Mama Ohandja et Les Têtes brûlées ont enseigné à un public outre-frontières le bien fondé du bikutsi, quand Tala André Marie exportait le bend skin. Des noms comme Anne Marie Nzié ont porté les couleurs nationales, les affichant dans des salles mythiques comme l’Olympia à Paris. Par cette ancienne génération, la musique camerounaise s’est vendue et continue même de se vendre à travers le monde, rivalisant même avec des courants tels que la rumba congolaise, le ndombolo, le coupé décalé, etc., venus de pays voisins.
Dans la nouvelle vague, quelques-uns emboîtent le pas à ces pionniers. Des voix comme celles de Richard Bona, Charlotte Dipanda, Kareyce Fotso, les X-Maleya, les Macase, se font entendre ailleurs. Des ambassadeurs de rythmes locaux, dont les sonorités croisent souvent celles d’autres univers musicaux. Ce qui, à une époque, a fait de certains musiciens camerounais comme Les Nubians, Coco Mbassi, Wes Madiko, des porte-flambeaux de la World Music. A côté de ceux-là, il y a des artistes qui eux, peut-être moins connus à l’étranger, se font leur place sous le soleil national. On incrimine leurs paroles, les accusant d’être dépourvues de tout bonus éducatif. On critique même la musicalité de leurs chansons décriant l’absence de live, de la magie des instruments. Mais il est indéniable qu’ils ont un public réel et un certain succès au Cameroun. Des exemples tels que Reniss et « La sauce », Franko et « Coller la petite », Petit Malo et « Ntâ », Maahlox et « ça sort comme ça sort » ou « Tuer pour tuer ». Ces morceaux sont plébiscités, la preuve par les millions de vues enregistrées sur des sites comme YouTube. Que faire pour que ces disques si populaires localement s’offrent une envolée internationale ?
Pour Peter Bishop, saxophoniste camerounais, il serait judicieux d’abandonner ce qu’il appelle l’effet musique en boîte. « La numérisation offre la possibilité d’obtenir des sons provenant d’instruments de musique. Ce qui favorise l’enregistrement, qui est une pâle copie de la musique en live », note-t-il. L’ordinateur a eu raison de la magie des studios, de l’enchantement provoqué par la basse, la batterie, la guitare solo, le saxo… Revenir à cet idéal peut être une piste qui aiderait la musique camerounaise à emprunter un virage positif.