Cela fait un an que les groupes armés ont parachevé la signature de l'accord de paix et de réconciliation d'Alger. Si, depuis, les hostilités n'ont pas repris entre ces groupes et l'armée malienne, et si des textes importants ont été adoptés, le chemin vers une véritable stabilité reste encore long. La situation sécuritaire est toujours préoccupante dans plusieurs localités du nord du Mali. A Ber, commune située à 50 km de Tombouctou, des hommes armés ont abattu lundi dernier, dans la nuit, un habitant de la ville, membre des groupes armés rebelles, et accusé d’être un espion à la solde de l’ennemi. Au nord-est, la ville de Kidal est toujours aux mains des rebelles. Autre retard dans l'application de l'accord, le processus du DDR (Désarmement, démobilisation et réinsertion) n'a toujours pas commencé, alors que l'identification des 24 sites de cantonnement est déjà faite. Il y a aussi la question des Maliens réfugiés dans d'autres pays, notamment les pays voisins. Ils sont évalués à quelques milliers, et selon un chronogramme établi, ils devraient en principe être déjà revenus au pays. Interrogés de manière séparée, des responsables des groupes armés et du gouvernement s'accusent mutuellement.
Bamako estime que les mouvements signataires de l’accord traînent le pas, alors que ces derniers affirment que Bamako est un facteur de blocage. Une crise de confiance qui perdure. Un observateur étranger confie : « On a l’impression de tourner en rond. » Dans le nord du Mali, les populations locales tardent à ressentir les effets de cet accord. A cause notamment du retour tardif des administrations dans leurs fonctions. Ainsi, à Gao, plusieurs écoles n'ont toujours pas rouvert leurs portes. L'accès à certains services de base, tels que la santé et l'eau, ne sont plus assurés. On se voudrait optimiste, mais, la mise en place des autorités intérimaires dans le Nord, n’est pas un bon présage. Les raisons de se réjouir ne l’emportent pas sur les questionnements. La signature de l’accord sur les autorités intérimaires sonnait comme un acte de reddition, une capitulation. La rébellion, finalement, obtient par la ruse, l’usure et la duplicité, ce qu’elle n’a pas pu obtenir par les armes, les pressions et les complicités internationales.