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Dossier de la Rédaction

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Le juge est une femme

Elles sont de plus en plus présentes dans les cours de justice, dans l’ensemble du pays.

C’est un Calvin A., 45 ans, marié, père de cinq enfants et exerçant comme transporteur qui rentre, dépité, du Tribunal de grande instance de Yaoundé un jour de mai 2016. Le monsieur s’étant préparé à toute éventualité, s’armant de toutes sortes d’arguments pour prouver qu’il est exempt de tout reproche dans les remous secouant son ménage, n’avait pas prévu se retrouver face à un juge de sexe féminin. Son épouse qui n’a pas sourit depuis des lustres, rapporte, amusée : « Cela lui a causé un choc et fait perdre ses moyens. Perspicace, le juge n’a d’ailleurs pas eu de peine à voir clair dans son jeu et à détecter ses mensonges. D’audience en audience, toute la procédure a été à mon avantage. J’ai eu le sentiment que la magistrate ressentait ma souffrance : elle a bien « chauffé » mon mari. Depuis là, il assume ses responsabilités et j’ai retrouvé la paix. »

C’est sûr, de nombreux justiciables sont encore étonnés de voir une dame trôner au prétoire. Nous sommes pourtant en 2016. Et selon l’Annuaire statistique 2015 du ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff), le Cameroun compte 244 femmes sur 1043 magistrats. Le gros des effectifs se trouve dans les régions du Centre (94), Littoral (37), Sud-Ouest (30). Ainsi, dans les tribunaux de première et grande instances de Yaoundé par exemple, dames Abolo Mbog Céline, Ngaga Flore Patience, Edith Ngo Djang, entre autres, ne sont plus tout à fait une curiosité pour les justiciables. De même que Solange Happi Youmbi, juge d’instruction aux tribunaux de première et grande instances de Mfou, Enowmbi Egbemba Ashuntangtang au Tpi de Buea ou Marie Noah Ebella, Bernadette Meka Messomo qui ont officié à Douala. Et aussi Yvette Yaka, première femme magistrat colonel, Annie Noëlle Bahounoui Batende, juge d’instruction au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé et ses collègues Yvette Siewe, Hayatou Zakiatou, Virginie Eloundou. Ce dernier trio exclusivement féminin a d’ailleurs géré l’audience qui a vu la condamnation d’Yves Michel Fotso le 25 avril dernier, dans l’affaire Etat du Cameroun/liquidation Camair, volet n°2.

C’est avec appréhension que dame Amélie T. attend l’appel de son affaire relative à un conflit foncier l’opposant à un de ses voisins, au Tpi de Yaoundé-Ekounou. La collégialité présidée par une femme semble la rassurer rapidement. Calmement, la juge épluche les dossiers, les uns après les autres, invitant les personnes qui ne verront pas les leurs traités à repartir. Elle appelle une famille venue ouvrir la succession de son jeune fils de 27 ans, cadre dans une multinationale décédé dans un accident. Après avoir rejeté certains éléments du dossier, elle explique clairement au chef de famille la procédure à suivre. « Je comprends que vous soyez encore meurtri par ce triste événement. Mais, faites comme je vous dis, ça ira plus vite. Vous n’êtes pas obligé de revenir avec tous vos enfants survivants à la prochaine audience. D’ailleurs, vous pouvez compléter ce dossier directement à mon cabinet », fait-elle avec compassion.

« Le juge applique la loi et ne juge pas en fonction de son sexe. Et la robe qui le couvre est là pour le lui rappeler. C’est sûr qu’une magistrate sera plus sensible aux difficultés et souffrances d’une justiciable, surtout dans les affaires familiales, relativement aux violences conjugales et agressions sexuelles. Les femmes ont un côté implacable, sans complaisance, ne laissant aucune place à la triche lorsque les faits sont avérés », confesse un avocat. Yvonne Léopoldine Akoa, juge au Tribunal de grande instance de Yaoundé, avoue : « Dans les affaires de violences conjugales ou de maltraitance d’enfant, il y a une question que je ne pose jamais : pourquoi la (le) bats-tu ? Il n’y a pas de raison qu’on brutalise un autre être humain ».

L’autre point sur lequel cette magistrate et certaines de ses congénères ne badinent pas, c’est la présence au poste de travail, le rendement, l’image qu’elles renvoient et surtout le professionnalisme. Très organisées, d’aucunes avouent se lever aux aurores pour concilier le mieux possible leurs vies professionnelles et familiales. « Il n’est pas question que des justiciables attendent toute une journée sans être servis sous prétexte que j’ai un enfant malade», assure l’une de ces dames. Le métier est exigeant et si elles veulent progresser, les femmes doivent se montrer disponibles pour le boulot. Malheureusement tout le monde ne le comprend pas et le taux de divorce est assez élevé chez les magistrates, de source introduite. L’autre défi est d’en imposer de manière à ce que justiciables et autres usagers de sexe opposé voient l’autorité et non la femme.

 

 

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