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Mariages précoses: nouvelle croisade

Les statistiques publiées à l’occasion de la Journée mondiale de la population célébrée lundi dernier appellent une réaction rapide.

Les invités à la cérémonie officielle  de la 29e édition de la Journée mondiale de la population célébrée lundi dernier ont retenu leur souffle à la place des Fêtes de Ngaoundéré lorsque  Hawa Aïcha, député junior de l’Adamaoua, a commencé à raconter son histoire personnelle. La jeune fille a fondu en larmes. Une vive émotion a gagné l’assistance à l’audition de ce récit. Voici son histoire. Aïcha a été mariée contre sa volonté à 15 ans à un homme qui pouvait être son père ou son grand-père, relate-t-elle. Elle a subi cette situation parce que ses parents étaient pauvres et parce qu’ils ne voulaient pas abandonner la tradition. «J’ai eu un enfant alors que je n’étais moi-même qu’une enfant », coupe-t-elle entre deux sanglots. La suite de l’histoire. Elle a abandonné l’école pour s’occuper de son foyer. Aujourd’hui, elle pleure cinq années de sa vie qui « lui auraient permis de réaliser ses rêves et certainement d’avoir un mariage épanoui », conclut, dépitée, la jeune fille.

Quelques minutes après ce récit émouvant,  Barbara Sow, représentante du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), a aussi pris la parole pour partager avec l’assistance une histoire similaire. Celle de Fadimatou, mariée de force à 13 ans. A 14 ans, elle était devenue mère et régulièrement battue par son mari.  De plus, son époux et sa famille l’ont sortie de l’école. Fadimatou est entrée dans une vie d’adulte sans préparation. « Elle aurait pu terminer ses études, devenir député ou ministre, ou même future secrétaire générale des Nations unies », regrettera Barbara Sow. Ces histoires ne sont pas romancées. Elles sont vraies. Les jeunes filles de la région de l’Adamaoua et de tout le Grand Nord affrontent au quotidien les mariages précoces et forcés. Elles sont exposées aux infections et au VIH-Sida. Autre triste réalité, elles quittent tôt l’école. Le taux de déperdition scolaire est très élevé dans le Septentrion.

En visite dans le département du Faro et Déo en avril dernier,  le gouverneur de la région de l’Adamaoua, Kildadi Taguiéké  Boukar, avait condamné ces pratiques rétrogrades. Les chiffres de l’UNFPA donnent froid au dos. 48% des jeunes filles de 15 à 17 ans ont déjà subi au moins une fois des violences physiques ou sexuelles.  30% des filles ont été forcées lors de leur première relation sexuelle.  12% des filles âgées de 15 à 19 ans utilisent une méthode contraceptive moderne. « Cette faible prévalence contraceptive se traduit trop souvent par des grossesses non-désirées qui conduisent à des avortements clandestins et risqués chez les jeunes filles », constate le FNUAP.   Le gouvernement, les agences du Système des Nations unies et les partenaires au développement, fournissent des efforts colossaux pour inverser la tendance. L’heure est à la sensibilisation et à la conscientisation des communautés. Lundi dernier, le Minepat a fait un don d’une valeur de plus de 30 millions de F aux communes de Nganh’ha dans la Vina et de Dir dans le Mbéré. Le Minepat veut améliorer le pouvoir d’achat des ménages. La pauvreté, l’analphabétisme, les pesanteurs culturelles, les exactions de Boko Haram, entre autres, sont à l’origine de cette triste situation.

 

 

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