L’opposition, les ex-rebellions et d’autres acteurs sont opposés à une présidentielle le 25 avril, jugeant cette date prématurée.
Il y a une douzaine de jours, le président François Bozizé a signé un décret convoquant les Centrafricains aux urnes le 25 avril 2010 pour le premier tour de la présidentielle et des législatives. Aucune date n'a été fournie pour un éventuel second tour. La campagne électorale est prévue du 12 au 23 avril. Cette décision est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique.
Dès le lendemain de la diffusion du décret, l'Union pour la renaissance et la démocratie (URD), qui ne se réclame ni de l'opposition, ni de la majorité et n'a pas de député à l'Assemblée, a proposé d'organiser la présidentielle en janvier 2011, arguant qu'elle avait besoin de temps et d'une "transition qui pourrait durer jusqu'à décembre". "L'organisation des élections dans le contexte actuel où toutes les conditions ne sont pas réunies au plan sécuritaire, peut replonger le pays dans une crise sans précédent", a estimé le président de l'URD, Auguste Boukanga. D’autres acteurs politiques sont plus virulents. "Les entités de l'Union des forces vives de la Nation (UFVN, coalition de l'opposition), les autres partis (formations centristes) et les politico-militaires (ex-rébellions) réunies au sein du Collectif des forces du changement rejettent en bloc le contenu" du décret présidentiel, a déclaré, le 28 février, Gabriel Koyambounou, un responsable de l'UFVN. Le coordonnateur de l'UFVN, Me Henriè Pouzère, a également dénoncé une procédure "viciée" ayant conduit à la signature du décret présidentiel.
Le chef de l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD, ex-rébellion), Jean-Jacques Demafouth, quant à lui, a simplement réclamé des élections "libres, démocratiques et transparentes", pendant que Fidèle Gouandjika, ministre et membre du parti Kwa na Kwa (KNK) du président Bozizé, déclare que la majorité présidentielle est "prête" pour l'échéance du 25 avril.
Dans ces conditions où plusieurs sons de cloche dissonants se font entendre, que va faire le chef de l’Etat centrafricain ? Va-t-il réunir tous les acteurs politiques - déjà tous d’accord au moins sur la nécessité d’aller aux élections - afin de trouver une date plus consensuelle ? Quoi qu’il en soit, la RCA, pays membre de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), est encore dans une situation fragile. Le pays tente de mener à son terme un processus de paix après avoir été confronté pendant des années à des rébellions, coups d'Etat et exactions de rebelles, militaires et "coupeurs de route". N’a-t-il pas intérêt à organiser des élections auxquelles vont prendre part tous les acteurs politiques, afin de désamorcer la tension et créer les conditions d’une stabilité politique durable?